Chandeleur : crêpes et galettes

Publié le 31 janvier 2025 par Goût, Saveur et Tradition

Chandeleur : crêpes et galettes

Après la Bûche de Noël, la Galette des Rois de l’Épiphanie, voici venu le temps des crêpes de la Chandeleur et des goûters de l’enfance !

L’origine des crêpes et des galettes remonte à la nuit des temps, et si on les associe spontanément à la Bretagne, elles ne sont pas l’apanage de cette seule région. Les historiens établissent l’origine de la crêpe à 7000 avant Jésus Christ.

Quelques siècles avant la naissance du Messie, la Rome antique est principalement composée de paysans et son économie était liée aux caprices du ciel et la météorologie.

À la mi-février, il était de coutume de célébrer, Lupercus, dieu de la fécondité et protecteur des troupeaux. Pour ce faire, les habitants se réunissaient dans les champs en arborant des flambeaux, porteurs d’espoir et symbole de nouveau souffle vital. A cette époque, la  galette était très épaisse, réalisée  avec une pâte mêlant de l’eau et diverses céréales écrasées. Une pierre chaude et plate permettait la cuisson.

Les débuts de la galette bretonne !

Pour symboliser la fin du froid et de l’hiver, la crêpe sera le signe du renouveau et du retour du soleil. D’où sa forme ronde. La superstition tenace des paysans les poussait à cuisiner des crêpes le jour de la fête de la lumière, ils espéraient ainsi protéger leurs champs de blé des affres de la météo !

Son histoire se mêle également à celle du sarrasin. Originaire d’Asie, ce blé noir aux fleurs roses fut rapporté des croisades au XIIème siècle.

En Bretagne, c’est au XIIIe siècle que la crêpe a fait son apparition sous l’impulsion de la Duchesse Anne de Bretagne qui, convaincue de ses avantages, décida d’en généraliser l’exploitation à l’ensemble de son duché. Permettant de confectionner une fine couche de pâte, de forme ronde.

Beaucoup plus tard, grâce à l’arrivée de la farine blanche de froment, elle sera transformée pour donner la crêpe que l’on connaît aujourd’hui.

Crêpe en Basse-Bretagne ou galette en Haute-Bretagne !

Il y a un vrai débat en Bretagne. En pays Gallo ou Haute-Bretagne, la galette de sarrasin, préparée à base d’eau, de lait, de farine de blé noir et de sel dont la plus populaire est la « complète » agrémentée de jambon, d’un œuf et d’un peu de fromage.

La crêpe de sarrasin est beaucoup plus fine en Basse-Bretagne. La crêpe est cuite sur une plaque de préparation circulaire, le galétoire en français et billig en breton. Le petit rozell permet d’étaler la pâte en une couche plus ou moins fine.

Pour celles avec de la farine de froment, pas d’ambiguïtés, on parle de crêpe dans toute la Bretagne. Du côté de Quimper, on mange uniquement des crêpes, du début à la fin du repas. Vers Rennes, on tient à sa galette et en particulier à la galette saucisse !

La galette se mange généralement avec une garniture salée, mais pas seulement. Vous pourrez en trouver avec de la confiture et du caramel au beurre salé.

Gourin, capitale de la crêpe… accueille tous les ans la Fête de la crêpe en Basse-Bretagne. Il faut préciser qu’en pays Brezhoneg, le terme « galette » désigne un biscuit au beurre.

La Chandeleur

Le pape Gélase Ier serait à l’origine de la Fête de la Chandeleur, née d’une pratique bienveillante envers les pèlerins. Lors de leur arrivée à Rome ou ils recevaient des crêpes dont la rondeur symbolisait le soleil et le printemps tout proche.

La Chandeleur est fêtée le 2 février, 40 jours après Noël. À l’origine, cette fête chrétienne célèbre la présentation de Jésus au Temple. Par la suite la Chandeleur deviendra : la Fête des Chandelles, pendant laquelle on allumait des cierges à minuit en l’honneur des morts.

Autrefois, les paysans faisaient sauter la première crêpe en tenant dans la main gauche une pièce d’or. Cette pièce était enroulée dans la crêpe et placée en haut de l’armoire de la chambre du maître, pendant un an. L’année suivante, on récupérait les débris de la crêpe et on donnait la pièce d’or au premier pauvre rencontré.

À la Chandeleur, l’hiver se meurt ou prend vigueur.
À la Chandeleur, au grand jour, les grandes douleurs.
À la Chandeleur, grande neige et froideur.
À la Chandeleur, le froid fait douleur.
Rosée à la Chandeleur, l’hiver à sa dernière heure.
Si la chandelle est belle et claire, nous avons l’hiver derrière.
Si le ciel n’est ni clair ni beau, nous aurons plus de vin que d’eau.
Si la Chandeleur dégoute, l’hiver est passé sans doute.
Chandeleur à ta porte, c’est la fin des feuilles mortes.
Chandeleur sans chaleur, crêpes sans odeur.

La crêpe a l’âme voyageuse

On la retrouve partout à travers le monde, avec de petites variantes.
Le pancake américain, plus petit et épais, le petit blini issu des Pays de l’Est, ou encore à la tortilla mexicaine, préparée avec de la farine de maïs. Notre crêpe nationale est aussi cousine de la piadine italienne ou du baghrir magrébin.

Avant d’être au contact de la langue et de ses papilles, elle sonne délicieusement aux oreilles : crêpes roulées, fourrées, dentelle, flambées, au Grand Marnier, au rhum, crêpes à la confiture, et pourquoi pas une crêpe Suzette, « parfumée au citron ou au curaçao ».

Et Suzette ?

Il faut prendre la direction de Monte-Carlo où un restaurateur, Carpentier, eut l’idée de parfumer ses crêpes sucrées à la mandarine, tout en les faisant flamber.

La légende veut alors que le futur Édouard VII, dont la compagne s’appelait Suzette, se délecta de la crêpe dont il demanda le nom. Carpentier étant à court d’idée : le futur Prince de Galles aurait alors galamment suggéré qu’elle soit dédiée à Suzette !