La chasse aux œufs de Pâques

Au petit matin de Pâques

Dans nos campagnes et dans les jardins de nos villes, une mystérieuse chasse s’organise. Héritage de traditions païennes, la coutume d’offrir des œufs existait déjà dans l’Antiquité. Ces fêtes païennes célébraient la résurrection de la nature, le renouveau et la fécondité, symbolisée par l’œuf porteur d’un germe de vie.

Les Perses, les Romains et les Égyptiens célébraient le retour du printemps, saison de l’éclosion de la nature, en offrant des œufs peints et décorés. Chez les Gaulois, les druides peignaient les œufs en rouge en l’honneur du soleil.

La tradition a ensuite été reprise par l’Église chrétienne, pour célébrer Jésus-Christ, ressuscité le dimanche de Pâques. Depuis le Moyen-âge, la tradition chrétienne interdit de faire sonner les cloches des églises entre le jeudi saint et le dimanche de Pâques, en signe de deuil.

Consommer des œufs pendant le Carême

Mais c’est au XVII° siècle, avec l’interdiction faite par l’Église de consommer des œufs pendant le Carême qu’est née la tradition des œufs de Pâques. Comme on ne pouvait empêcher les poules de pondre, on conservait précieusement ces œufs jusqu’à la fête de Pâques. On racontait aux enfants que les cloches étaient parties se faire bénir à Rome par le Pape.

À leur retour le dimanche matin, les cloches carillonnaient et déposaient les fameux œufs dans les jardins. Le roi Louis XIV fait de l’œuf décoré de Pâques une institution.

D’une part, ces gens devaient lui apporter le plus gros œuf pondu en son royaume durant la Semaine Sainte et, lui-même, le jour de Pâques distribuait en personne des œufs peints à la feuille d’or à ses courtisans aussi bien qu’à sa valetaille.

Lamala, un gâteau en forme d’agneau

C’est au XVIIIe siècle, une idée de commerçants alsaciens, que l’on vide les œufs pour les remplir de chocolat. L’œuf entièrement au chocolat apparaît au siècle suivant, alors que le cacao se démocratise, des chocolatiers inventent un mélange de sucre, de beurre de cacao et de chocolat en poudre pour créer une pâte malléable que l’on peut facilement verser dans des moules.

Le premier œuf tout chocolat, date du XIXe siècle, époque où la technique a été peaufinée. Chocolat blanc, au lait ou noir : cette douceur qui fait le plaisir des petits comme des grands gourmands est, depuis, devenue coutumière de la période.

Ainsi, au jour du dimanche de Pâques, les œufs abondent sur les tables. D’autres étaient offerts, parfois intégrés dans des recettes typiquement pascales créées pour l’occasion, comme les pâtés garnis d’œufs en Berry, la fouesse bretonne en forme d’étoile ou encore l’alise, une brioche vendéenne.

Certaines régions ont leurs spécialités culinaires pour le dimanche de Pâques, en l’Alsace, on déguste un gâteau en forme d’agneau saupoudré de sucre appelé Lamala. Dans la Drôme, on se régale de la Couve Crestoise, un gâteau à pâte sablée.

Les œufs de Fabergé

Les œufs de Pâques ont même inspiré l’une des traditions les plus coûteuses de l’histoire : les célèbres œufs de Fabergé, créés pour la famille impériale de Russie et ornés des matériaux les plus précieux.

Le premier œuf de Fabergé a vu le jour lorsque Pierre-Karl, alors Orfèvre par nomination spéciale à la couronne impériale, crée un œuf sous la demande du Tsar Alexandre III pour l’offrir à sa jeune épouse, Maria Fedorovna.

Le joaillier a ainsi produit une série de 50 œufs impériaux pour la famille du Tsar.