Les accents régionaux en France

Publié le 19 septembre 2025 par Goût, Saveur et Tradition

Les accents régionaux en France

Les accents régionaux font pleinement partie du patrimoine culturel français. Ils ne sont pas seulement une façon différente de prononcer la langue, mais portent l’histoire, les traditions, les identités locales et la mémoire des territoires.

Malheureusement, nos accents s’estompent et les airs qui faisaient danser nos ancêtres relèvent du folklore.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ce qui était rural, âgé et sédentaire était rejeté.

Aujourd’hui, la grande majorité des habitants vivent en ville, les gens ont quittés les campagnes et les jeunes générations ont de plus en plus tendance à s’exprimer dans un français « standardisé » imposé par l’élite parisienne avec l’accent de la télévision.

Et pourtant comme les chansons, ces différents accents reflètent la diversité culturelle du pays. Ils rappellent également l’influence des langues régionales qui détermine l’appartenance à une communauté.

Un mot, un seul… ils sont repérés !

L’accent c’est un peu parler de sa région en parlant d’autre chose. Les gens du Sud ne peuvent pas y couper : à peine ouvert la bouche… ils sont repérés.

Leur accent chantant, venant tout droit du pays de la Sainte Victoire et de ses alentours. Cet accent pratiqué par Giono et par tous les personnages de Pagnol, est le plus typique de toutes les prononciations régionales en France.

L’accent du Midi, disant «  rose » et   »jaune », avec un « o » bien ouvert et marquant le « e » final des mots, même quand il n’y en a pas…

Ce n’est pas une tare de parler « avé » l’accent de Fernandel. C’est devenu un signe distinctif. Jouant à fond la carte de l’identité vocale, ce n’est pas par hasard si le magazine du Conseil Général des Bouches-du-Rhône s’appelle L’Accent et l’office du tourisme du Var : « L’accent, on le met sur l’accueil. »

Les artistes aussi surfent sur la tendance, Titoff a signé ses one-man-show typiquement marseillais ou l’accent méridional n’a jamais été autant valorisé. Patrick Bosso, raconte qu’il a décidé de garder son accent et qu’il ne reçoit des propositions que pour jouer le stéréotype de Marseillais : « A la première scène, je bois le pastis et à la seconde, je joue à la pétanque… »

Conserver ou alléger son accent ?

Comment vit-on avec l’accent Daudet ? S’en accommode-t-on quand on monte à Paris ? Le gomme-t-on quand on est la seule cigale parmi une horde de gens qui ne chantent plus ?

Alors que l’accent du Nord traîne un complexe d’infériorité, celui du Sud est plutôt perçu de façon sympathique. Pendant ce temps, la Touraine incarne le bon accent ; le Midi, le soleil et la lavande ; le Nord, la pluie et les pavés.

Un accent peut être pointu, gouailleur, snob, rocailleux : celui du Sud est le plus caractéristique.

Dans les jurys d’agrégation, les profs du sud de la France demandaient à leurs élèves qui montaient à la capitale de brider leur accent, jugé trop populaire, voire vulgaire.
En réalité, on ne perd jamais un accent, on en prend un autre, comme on apprend une seconde langue. Mais il faut du temps pour gommer des habitudes articulatoires qui remontent à l’enfance.

Dés l’apparition de la radio, puis de la télévision le « célèbre model neutre parisien » est pratiqué dans les médias, les autres prononciations du français en sont la plupart du temps éjectées.

Le Ch’tis

Le dialecte picard de la langue d’oïl a gagné son nom moderne de Ch’ti pendant la Première Guerre mondiale. L’anecdote raconte que des soldats d’autres régions de France ont entendu les locaux dire « C’est toi » avec un fort accent picard : « ch’es’ti ». Depuis, les personnes qui parlent avec l’accent sont communément appelées « ch’es’ti », donnant naissance au célèbre film « Bienvenue chez les Ch’tis ».

Le Normand

Cette langue d’oïl qui était la langue des rois anglais s’est estompée en diverses formes locales de patois qui persistent encore aujourd’hui dans la campagnes. Les îles Anglo-Normandes revendiquent chacune un dialecte qui leur est propre, notamment le Jèrriais à Jersey, le Guernésiais à Guernesey et le Sercquiais à Sercq. Curieusement, tout comme un francophone du sud de la France, les Normands modernes prononcent les mots café et secret avec la même dernière syllabe.

Le Breton

Avec un peu plus de 10 000 locuteurs, la langue bretonne, de la famille des langues celtiques, est considérée comme en danger de disparition selon l’Unesco. L’accent de la région est presque indéchiffrable pour les oreilles étrangères. Cependant, les francophones d’autres régions constatent que les Bretons ont tendance à hausser l’intonation en fin de phrase et à parler vite.

le Parisien

Largement considéré (à tort) comme le bon accent français. C’est une langue d’oïl, mais ses R sont nettement plus prononcés que ceux des autres accents français. On l’entend à la façon dont les Parisiens prononcent le dernier R dans « manger » et « parler ».

L’Occitan

Cette langue d’oc est toujours enseignée dans les écoles et connaît un renouveau au cours des dernières décennies. Il est divisé en plusieurs dialectes régionaux, dont le provençal, le languedocien et le gascon. L’accent qui accompagne ces dialectes est perceptible aux oreilles étrangères, souvent rapide et toujours musical.

Le Gascon

C’est une langue d’oc du sud-ouest, bien qu’elle compte aujourd’hui peu de locuteurs. L’accent dérive de l’ancienne langue est perceptible par ses intonations musicales et parfois discordantes. Lorsque l’ancien Premier ministre Jean Castex, célèbre pour son fort accent gascon, a été taquiné sur les réseaux sociaux, beaucoup ont pris sa défense, dénonçant le « snobisme » des Parisiens.

Oui, j’ai gardé l’accent qu’on
attrape en naissant du côté de Marseille
C’est le mas paternel,
aux murs couleur de miel, aux tomates vermeilles
C’est la tuile du toit, comme un peu de patois que le soir ensoleille
Quand la nuit de Daudet aux moulins met des voiles
Qui tournent en crissant
Et que ça grouille au ciel des millions d’étoiles
La mer à notre accent
Quand l’été de Giono revient en transhumance
Et que les estivants, imitent en riant
Le parler de Provence
Le monde à notre accent

Un langage d’eau tiède

Depuis les années 50, avec l’école, puis les médias comme acteurs-clés, la stigmatisation des langues régionales a poussé à la disparition des accents. Tout le monde parle de la même façon avec l’accent neutre de la bourgeoisie parisienne. De Rennes, de Nice, de Perpignan, du Havre, de Grenoble, de Dunkerque, de Clermont, et même de Strasbourg, surgissent des individus aux syllabes feutrées, lisses, dont les voix ne parlent plus d’eux !

L’accent est réservé aux choses pas sérieuses, aux humoristes, à prévoir la météo, à commenter les matchs de foot, de rugby… ainsi que les étapes du Tour de France.

Pendant leur formation la grande majorité des journalistes ont entendu le même discours : « Si tu as un accent, tu ne vas pas dans l’audiovisuel, mais dans la presse écrite ».

A partir des années 1970, malgré l’apparence de promotion culturelle que permet la télévision qui lave plus blanc et impose à tous un langage d’eau tiède, la langue parlée avec son accent reste l’affirmation manifeste d’une volonté d’exprimer une identité régionale.

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