Le temps des grandes transhumances

Publié le 6 mai 2024 par Goût, Saveur et Tradition

Le temps des grandes transhumances

Depuis des siècles, durant les mois d’été, bergers et troupeaux parcouraient, à pied, des centaines de kilomètres dans les massifs montagneux ; fuyant la chaleur des plaines pour la fraîcheur des alpages.

L’étymologie du mot « transhumance » relève de « trans » (au-delà) et « humus » (le pays).

Le berger, figure mythique de la « transhumance » est un des acteurs essentiels d’une aventure qui a débuté voilà 11.000 ans au Moyen Orient entre le Jourdain et l’Euphrate. La figure du berger qui se consacre à ses brebis et fournit nourriture et vêtements aux hommes imprègne nos religions, notre littérature, notre art.

200 à 400 kilomètres à pied

Plus tard, les colons romains de la Provence ont investi la plaine de la Crau, vaste plaine triangulaire du delta fossile de la Durance, au nord-ouest de Marseille, entre Arles, Salon et l’étang de Berre. Son âge d’or s’étend du milieu du XVIIIe siècle au milieu du XXe, mais il en reste aujourd’hui une survivance importante, solide, qui a conservé ses savoirs, sa mémoire, nombre de ses traditions, ses effectifs.

Entre octobre et février, les brebis broutent les prairies de la Crau; entre mars et juin, elles gagnent les coussouls de la Crau sèche ; entre mi-juin et début octobre, elles se déplacent vers les alpages, distants de 250 à 400 kilomètres.

C’est au Moyen-Âge, période faste et de relative stabilité politique, que se développent les grands mouvements de troupeaux, des plaines de la Provence vers les Alpes.

Depuis, ces régions vivent immuablement au rythme saisonnier des transhumances lors- que le bétail monte à la fin du printemps vers les montagnes pour y passer l’été, puis redescend à l’automne vers les plaines pour agneler et passer l’hiver en bergerie dans les plaines plus clémentes. Il y a aujourd’hui près de 200 millions de pasteurs et bergers sur notre planète et 25% des terres émergées sont encore couvertes par ces systèmes d’élevage extensifs.

Les espaces pastoraux et la pratique de la transhumance révèlent de précieux atouts pour la sauvegarde de la biodiversité. Ils participent à l’entretien et la valorisation des espaces écologiquement rares et sensibles. Par ailleurs ces pratiques constituent de véritable pare-feu naturel car grâce aux troupeaux et à l’estivage, ces terres ne sont pas envahies par les broussailles. Elle est pratiquée de l’Aubrac aux Pyrénées en passant par les Vosges, la Corse et la région Sud, de la Crau aux Alpes.

Les fêtes de la transhumance

Dans certaines régions, l’Estive (la transhumance), fait l’objet de festivités.

Cette pratique de pâturage permet aux éleveurs de gagner en autonomie fourragère et d’optimiser leurs ressources. Elle joue également un rôle d’entretien des paysages ouverts et fait partie intégrante du patrimoine culturel d’un territoire. Les troupeaux régulent la végétation et permettent la conservation de ce paysage et de cette biodiversité pour le plus grand plaisir de tous.

La transhumance est un moment où l’on profite de faire la fête. L’ Aubrac est une terre empreinte d’une identité forte : vitrine des savoir-faire locaux, valorisation des produits de qualité, invitation à la découverte du territoire !

Défilés de troupeaux, marchés de producteurs et d’artisans, randonnées pour aller à la rencontre des troupeaux, repas, musiques… Tout y est pour se réjouir de cette véritable célébration de l’arrivée du printemps sur l’Aubrac. On respire le grand air, on mange de la charcuterie locale, du bœuf et de l’aligot !